Hypnothérapeute indépendant exerçant depuis 2012.
J'anime également des ateliers d'hypnose et de défense intellectuelle dans les entreprises, organismes de formation et institutions.
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Il n’est pas facile d’avoir une idée précise de la pratique de l’hypnose médicale en France. Si les milieux hospitaliers l’ont intégrée dans des protocoles anesthésiques, notamment pour des interventions en ambulatoire et pour le traitement de la douleur, il est plus difficile de savoir ce qu’il en est de l’hypnose en cabinet, autrement appelée hypnose de ville.
De plus en plus d’offres
Les cabinets d’hypnose se sont multipliés ces dix dernières années. Au départ, ils étaient surtout présents dans les grandes et moyennes agglomérations, mais ils ont commencé depuis peu à s’implanter dans des villes de moins de 5000 habitants. Pour ce qui concerne l’agglomération d’Elbeuf – lieu où j’exerce – on dénombre pas moins de 8 hypnothérapeutes (En février 2024).
On pourrait évidemment se réjouir d’une offre pléthorique, sauf que se pose encore et toujours la question de la qualité du soin et de l’honnêteté du praticien.
Pour ceux qui l’ignorent, je rappelle que la pratique de l’hypnose n’est pas réglementée en France. Il existe bien quelques syndicats et associations qui essayent de s’y atteler pour définir une offre de qualité, mais le chantier est tellement énorme que pour l’instant, la réglementation de l’hypnose reste un serpent de mer. Alors en attendant de trouver un consensus, les bonnes et les mauvaises pratiques continuent de se télescoper.
Mais qu’entend-on par réglementation ? S’agit-il d’exclure tout praticien ne disposant d’aucune formation médicale ou paramédicale ? Et pour l’apprentissage ? Faut-il privilégier les centres publics de formation ou bien les instituts privés ?
Difficile de répondre.
Aller voir un docteur en médecine faisant de l’hypnothérapie ne garantit aucunement au patient un soin d’hypnose de meilleure qualité. On peut néanmoins se rassurer en considérant que le thérapeute appliquera la même éthique que pour un soin de médecine générale. Quant à l’hypnothérapeute qui n’est pas issu du monde du soin, il peut certes s’imposer une éthique, mais il n’en a pas réglementairement l’obligation. En cas de litige, il y a éventuellement possibilité de recourir à la justice, mais les juges sont assez rarement saisis dans les cas de manipulation.
Difficile dans ces conditions pour un patient de faire un choix. La plupart du temps, il préférera se rendre chez un praticien dont un ami ou un proche lui aura dit le plus grand bien. Là encore, une recommandation est rassurante, mais aucunement une garantie de qualité.
Nous venons de le voir, la profession n’étant pas – encore – réglementée, n’importe-qui peut lire un article sur l’hypnose et décider de poser sa plaque pour commencer à proposer ses services : c’est aussi simple que ça !
Comment alors caractériser une bonne d’une mauvaise pratique ? Doit-on privilégier le diplôme ? L’ancienneté ? Et comment savoir si un praticien est sérieux ?
Je sais que pour ma part, mes premiers patients ont essuyé les plâtres de mon manque d’expérience et de mes hésitations. Quand on débute, on tâtonne toujours sur la méthode et on hésite parfois sur le choix des techniques. Les hypnothérapeutes débutants vont se rassurer en ayant sous la main des scripts d’hypnose et des protocoles fléchés. La plupart de ces outils sont bien faits et ils sont même très utiles quand on débute. En ce qui me concerne, j’ai utilisé pas mal de scripts la première année de mon exercice. Cette personne a du mal à s’endormir, alors essayons la méthode décrite en page 35 du manuel. Cette autre personne a la phobie des chiens ? Voyons voir ce que pourrait donner la technique décrite page 63 ! Avec le temps, un bon praticien deviendra un expert du sur-mesure. L’expérience aidant, on finit par s’affranchir du prêt-à-porter et on expérimente de plus en plus de choses dont certaines seront redoutablement efficaces.
La formation
La pratique n’est pas l’unique critère. Il y a la question légitime de la formation. Depuis une vingtaine d’années, les centres de formation en hypnose se sont multipliés sur tout le territoire français. Certains sont privés et d’autres publics. Peu de gens le savent, mais les universités – et pas que les universités de médecine – forment à l’hypnose. Néanmoins, il existe une offre privée de qualité.
Si vous souhaitez vous former à l’hypnose, je conseillerais plutôt l’enseignement public. Mais parfois, il faut exercer une profession médicale ou paramédicale pour pouvoir s’inscrire. Dans ce cas, et ce fut le mien, il faut se tourner vers un centre privé, en espérant que la formation soit de qualité. Beaucoup le sont. Mais il existe de nombreux centres qui proposent de l’hypnose uniquement parce que c’est à la mode et qu’un nouveau modèle économique est en train de surgir. En général, il est assez facile de les démasquer. Car ils proposent des modèles de formations à tiroirs, tout simplement pour inciter le client à acheter non pas une, mais plusieurs formations. On commence gentiment par une formation de base, pour ensuite tenter de devenir hypnothérapeute confirmé, puis maître-hypnothérapeute et pourquoi pas – s’il vous reste un peu de monnaie, formateur hypnothérapeute. On croirait presque les formules reiki niveau 1, reiki niveau 2, 3 et ainsi de suite.
Je n’émets pas de jugement sur la qualité des formations dans ces centres. Elles sont certainement très bonnes, mais pourquoi dépenser des fortunes alors que les universités proposent des formations identiques pour un coût plus abordable ? Il est possible que certaines universités n’exigent pas de diplôme médical ou para médical pour s’inscrire. Enfin, il existe des centres qui prennent un peu l’exemple sur les universités pour proposer des formations longues, correspondant à une année universitaire. Cette manière de faire me semble assez cohérente.
Enfin, si vous souhaitez faire de l’hypnose de manière professionnelle et sérieuse de grâce, évitez les centres qui incluent de la PNL dans leurs formations. Je parlais plus haut de réglementation de l’hypnose, et l’allusion à la réglementation est d’autant plus pertinente que l’hypnose thérapeutique et / ou médicale doit prendre ses distances avec des pratiques qui ne font pas consensus dans les milieux scientifiques. La PNL en fait partie et je ne comprendrais pas que l’on cesse d’un côté de rembourser l’homéopathie pour de l’autre valider des pratiques relevant des pseudosciences.
Tout cela m’amène à aborder le dernier point : Comment faire de l’hypnose sérieusement ?
Hypnose sérieuse ou bullshit ?
(Bullshit, littéralement merde de taureau. Se dit de quelque-chose non fondé, foutaises)
L’hypnose est une pratique relativement nouvelle, multiforme, avec ses orientations, ses passions et naturellement ses démons. Elle fraye parfois avec des méthodes qui n’ont jamais été validées par la science, mais qui restent tenaces dans l’imaginaire collectif. Ainsi, il n’est pas rare de trouver des hypnothérapeutes qui sont également magnétiseurs. Personnellement, je pense qu’ils peuvent être d’excellents hypnothérapeutes pour soigner la douleur, mais je ne crois pas que l’imposition des mains y soit pour quelque-chose. Il existe en outre des hypnotiseurs quantiques dont la fonction est de vous permettre un rééquilibrage des particules élémentaires de votre physiologie. Dans ce cas, pas besoin de posséder un Prix Nobel de physique pour déceler l’arnaque, car le mot quantique est très souvent accolé à des thérapies douteuses uniquement pour leur donner un vernis scientifique voire high tech. Enfin, vous avez les hypnotiseurs qui vous permettent de voyager dans des vies antérieures, avec tous les risques d’emprise mentale que cela comporte, parce qu’une telle vision de l’hypnose confère au thérapeute une sorte de pouvoir magique. J’insiste beaucoup sur ce point. Après les épisodes de COVID, le doute, la méfiance, pour ne pas dire défiance à l’égard de la science sont devenus une pratique courante. Une aubaine pour les gourous et les dérives thérapeutiques sectaires.
L’hypnose est un ingrédient assez souvent présent dans les productions cinématographiques et ce, depuis l’invention du cinéma. En 1922, le Docteur Mabuse de Fritz Lang usait de ses talents d’hypnotiseur pour séduire et manipuler une bourgeoisie allemande désœuvrée. En 1967, Disney s’attelle à l’adaptation du roman de Rudyard Kipling en mettant en scène le python Kaa, dont les yeux aux teintes psychédéliques hypnotisaient Mowgli. Plus tard en 1999, c’est le film Hypnose avec Kevin Bacon puis Trance, de Danny Boyle avec Vincent Cassel. La liste n’est évidemment pas exhaustive, car les films évoquant l’hypnose sont légion. Je ne peux au passage faire l’impasse sur Get Out de Jordan Peele qui est un excellent thriller social.
À ma connaissance, la plupart de ces films ne parviennent pas à éviter les clichés sur l’hypnose. Même le très bon Get Out de Peel n’y échappe pas en faisant de l’ancrage une arme absolue entre les mains d’un hypnotiseur tout puissant et malintentionné. Dernièrement, Netflix proposait un film intitulé Hypnotic avec Kate Siegel, actrice que j’avais repérée dans les très bonnes séries écrites par Mike Flanagan – the Haunting of Hill House, The Haunting of Bly Manor et Midnight Mass. Malheureusement, le film Hypnotic collectionne les pires clichés sur l’hypnose et l’intrigue cousue de fil blanc n’arrive pas à relever le niveau. Pour autant, ce film a eu énormément de succès sur la plate-forme de streaming. Comment expliquer ce phénomène ? Probablement en raison de l’image surnaturelle de l’hypnose véhiculée par le cinéma et la télévision. C’est un fait : l’hypnose fascine autant qu’elle effraie, et on comprend pourquoi certaines personnes pensent qu’elle puisse permettre de prendre le contrôle absolu sur une personne.
Get Out avait intelligemment exploré la technique de l’ancrage avec la scène de la cuillère qui tourne dans la tasse de thé. Sur ce point, l’idée n’est pas saugrenue en ce qu’elle s’appuie sur un ancrage auditif. Le bruit de la cuillère replongeant l’acteur Daniel Kaluuya en hypnose. Les hypnothérapeutes utilisent assez souvent l’ancrage qui est un processus naturel chez l’être humain. La Madeleine de Proust est une définition littéraire assez poussée de l’ancrage, mais l’exemple le plus simple est l’ancrage qui permet de ramener un patient vers un souvenir agréable de son enfance ou vers un lieu idéal et sécure. Cette technique est très efficace pour aider les patients stressés avant un examen ou pour favoriser l’endormissement. Cependant, il est utile de préciser que l’ancrage n’est pas une arme absolue. D’une part, parce qu’un ancrage est souvent limité dans le temps et ses effets finissent par s’estomper, sauf si le patient l’entretien en pratiquant assidûment l’auto-hypnose. Dans ce cas, il pourra le renforcer ou fabriquer ses propres ancrages. D’autre part, parce qu’un ancrage n’est jamais suffisamment puissant pour obliger quelqu’un à faire quelque chose qu’il ne souhaiterait pas. Cela veut dire qu’en dehors de la fiction, quelqu’un ne peut être sous la contrainte totale d’un hypnotiseur malveillant. Dans la vraie vie, l’hypnothérapeute du film Hypnotic ne parviendrait pas à prendre le contrôle de sa patiente et encore moins la forcer à commettre des actes qui la mettraient en danger. Les clichés ont pourtant la vie dure et il m’arrive assez souvent de recevoir des patients qui m’expliquent avoir longuement hésité avant de venir en consultation du fait des avertissements de leur entourage sur les dangers de l’hypnose. Bien souvent, j’utilise la plaisanterie pour désacraliser cette vision des choses en expliquant que si un tel pouvoir existait, il me suffirait de fabriquer un ancrage auprès de mon banquier pour effectuer ensuite des retraits qui ne seraient pas débités de mon compte. Malgré ces propos rassurants, le doute persiste et on ne peut que faire le constat d’une image de l’hypnose en décalage avec la réalité : image véhiculée par des films misant sur le spectaculaire pour ne pas dire le surnaturel. Cela ne manque pas d’ironie, quand on sait que le monde de la communication et notamment celui de la publicité maîtrise parfaitement les neurosciences pour influer nos décisions. On parle alors de neuro-marketing. Ce même neuro-marketing dont l’efficacité est décuplée lorsqu’elle est couplée à un profilage assez fin grâce aux données récupérées sur les réseaux sociaux. Dans ce cas, nul besoin d’hypnose pour guider une décision ou inciter à acheter tel produit plutôt qu’un autre. Quand bien même vous connaissez les techniques de manipulation mentale, vous vous ferez avoir.
Enfin, les films sur l’hypnose véhiculent souvent l’idée que celle-ci permettrait de faire ressurgir des souvenirs enfouis. Sous la conduite d’un hypnotiseur, le patient est susceptible d’accéder à des souvenirs cachés, la plupart du temps traumatisants. Grâce à ces « souvenirs » retrouvés, le patient va enfin pouvoir résoudre ses problèmes et remettre de l’ordre dans sa vie. Dans les années 70 cette croyance était malheureusement partagée par beaucoup de juges américains, au point d’envoyer pas mal d’innocents en prison. En toute bonne foi, les témoins étaient mis sous hypnose et rapportaient de faux souvenirs, soit inventés, soit suggérés involontairement lors des interrogatoires de la police. Il aura fallu les travaux de chercheurs, notamment ceux d’Elisabeth Loftus, pour comprendre que le fonctionnement de la mémoire était bien plus complexe, pour ne pas dire subtil. La mémoire humaine est dynamique, dépendant de nombreux processus complexes de perception et d’encodage, de stockage puis d’accessibilité et de rappel de l’information. Non, l’hypnose ne permet pas d’accéder à des souvenirs cachés précis. Elle peut tout au plus faire remonter des fragments qu’il faudra manipuler avec précaution, car bien souvent restitués avec pas mal d’erreurs.
Aujourd’hui je sors des sentiers battus pour parler coaching et développement personnel. Quels rapports avec l’hypnose me direz-vous ? Eh bien dans la mesure où le développement personnel et le coaching utilisent des techniques d’hypnose, il me semblait important – et urgent, d’aborder ce sujet sensible.
Les liens vers les sources se trouvent en fin d’article.
Avant de commencer, il me paraît utile d’apporter quelques petites précisions : cet article ne concerne pas le coaching sportif qui est une discipline spécifique à part entière. Par ailleurs, il n’est pas question de dépeindre tous les coachs et spécialistes en développement personnel comme des personnes malhonnêtes. La plupart du temps, le métier est exercé en toute bonne foi par des coachs désintéressés. Pour autant, ces disciplines sont un peu trop souvent – à l’instar de l’hypnose, noyautées par des personnes opportunistes et malveillantes. L’arnaque et la manipulation ne sont donc jamais à exclure.
Vous avez tous entendu parler du phénomène coaching dont les offres sont pléthoriques sur les réseaux sociaux. Quant au développement personnel, je suis dernièrement passé à la FNAC de Rouen et j’ai pu constater que le rayon s’était considérablement enrichi. Enfin sur le net, si vous tapez développement personnel et coaching, vous serez surpris par la somme des résultats.
Pour commencer, il n’est pas facile de faire la différence entre coaching et développement personnel. Même les sites spécialisés peinent à faire le distinguo. D’autres, sans doute plus pragmatiques, ont carrément fusionné les deux en proposant des formations de coaching en développement personnel.
Sur la plupart des sites proposant des solutions de coaching, nous retrouvons l’inévitable jargon euphémisé et les lieux communs habituellement utilisés pour dissimuler des concepts creux et ineptes.
Voici un petit extrait trouvé sur un site :
« Les sociétés modernes semblent avoir basculé depuis quelques décennies dans une crise existentielle au regard des bouleversements provoqués par la mondialisation et aux révolutions sociétales et économiques qui en découlent. Le salarié est sollicité à travers plusieurs prismes : course au résultat immédiat, pressions hiérarchiques croissantes, plans sociaux, complexité technologique, collusion des domaines professionnel et privé… les difficultés ne manquent pas ! »
Vous avez là un magnifique étalage de truismes – technique également utilisée en hypnose conversationnelle. Qui irait contester que la mondialisation – comprendre économique, a bouleversé nos sociétés et notamment le monde de l’entreprise ? Pour ma part, je reçois dans mon cabinet de nombreux patients qui se disent malmenés par un management mondialisé où il faut remplir des objectifs toujours plus ambitieux. Effectivement, comme le dit le texte, les difficultés ne manquent pas. Cependant, la réponse du coaching et du développement personnel, en flirtant avec le champ lexical de la bienveillance, n’ont d’autre but que de pousser le client à se mettre au diapason des exigences professionnelles mondialisées. Traduire : oubliez l’absurdité du système. Le problème c’est vous ! Grâce à notre méthode, vous allez pouvoir optimiser votre rendement.
Deuxième extrait :
« Dans le champ professionnel, ne parle-t-on pas de Ressources Humaines ? Tout comme les ressources terrestres qui sont à la fois exploitées, protégées, utilisées et recherchées pour leurs valeurs, l’humain est l’élément indispensable à la croissance et à l’existence même de l’entreprise. »
Pour reprendre le vocabulaire des 20-30 ans, cette phrase est un magnifique combo. Poussant insidieusement le client à se soumettre un peu plus à la dictature du tableau Excel. Le terme ressources humaines est déjà un bel euphémisme, et si de surcroît on compare l’humain à des ressources terrestres, on franchit un cap vers le cynisme absolu. À quand le minage d’êtres humains ? Pour ce qui est de l’épanouissement, on repassera.
Pour se donner plus de sérieux, les offres de coaching et de développement personnel sont toujours accompagnées de témoignages enthousiastes. Ici ce sera un commentaire sur les objectifs qui ont explosés en un temps record et là, on verra la vidéo d’une jeune femme comblée, parce qu’elle a multiplié son chiffre d’affaires par cinq en un mois. Il faut reconnaître que le storytelling de ces vidéos est parfaitement rôdé. On insiste sur le succès de gens que rien ne prédisposait à réussir, un peu comme dans les minis conférences Tedx dont certaines sont très discutables. Je ne résiste pas au passage à évoquer l’excellente mini conférence TedX de Thomas C. Durand qui invite son auditoire à se méfier des conférences… TedX.
Pour en revenir aux témoignages sur le coaching, il est difficile de vérifier s’ils disent vrai. Cependant, gardez toujours dans un coin de votre tête qu’un, voire dix témoignages, ne sauraient constituer une preuve scientifique tangible.
Voici un exemple de témoignage :
« La société de coaching X m’a permis de me centrer sur un objectif, de m’engager à le réaliser en étant soutenue dans ma démarche par un travail méthodologique de mise en place d’actions basées sur mes forces et mon potentiel d’amélioration… »
Comprendra qui pourra cet assemblage de mots en phrases à tiroir qui ne veulent pas dire grand-chose si ce n’est que tout être humain est optimisable (pour reprendre un néologisme cher au coaching). Au passage, on notera que le sacro-saint objectif est maintenu.
En plus des témoignages, et pour se donner un peu plus de crédibilité, les coachs mettent en avant des diplômes et certificats. La plupart du temps, les liens cliquables sous ces titres ne sont pas actifs ou bien renvoient vers des organismes privés qui n’ont aucun lien avec les universités. Le seul titre universitaire que j’ai trouvé est un certificat universitaire CU délivré par l’Université de Lille, mais il ne s’agit pas d’un diplôme à proprement parler. Au passage, j’ai trouvé assez amusant de tomber sur des sites de coaching qui mettent en garde contre les manipulations mentales. On pourrait se sentir rassuré. Mais pas longtemps, parce qu’en fouillant un peu, on découvre qu’ils promeuvent la physique quantique et la neurogenèse. Ces mots sont aux antipodes du coaching et du développement personnel. D’ailleurs, dès que quelqu’un évoque un soin, une thérapie ou une psychothérapie à base de physique quantique, je vous conseille de tourner les talons.
En tapant « coach » sur le site du Pôle Emploi, celui-ci affiche trois réponses :
– développement des ressources humaines ;
– coach sportif ;
– développement personnel et bien-être de la personne (ROME : K1103).
La fiche développement personnel et bien-être de la personne renvoie vers une liste assez longue d’organismes de formation avec des intitulés surprenants tels que : réflexologie plantaire, naturopathie, aromatologie et praticien en PNL. Cela pose au passage la question du captage des financements du CPF (Compte Personnel de Formation) par une myriade d’organismes plus ou moins sérieux voire carrément sectaires.
Dans l’introduction, j’expliquais que les coachs et les spécialistes en développement personnel n’étaient pas systématiquement malhonnêtes. Les coachs sont généralement des personnes de bonne foi. D’ailleurs, les principales victimes sont bien souvent les coachs eux-mêmes. Après avoir payé des fortunes en formations, ils sont jetés dans la nature et rencontrent souvent des difficultés pour vendre leurs services. Au passage, je vous recommande l’excellente vidéo du youtubeur G. Milgram sur le coaching pyramidal.
Mais est-ce qu’objectivement, le coaching ça marcherait pas un peu quand même ?
Avant de répondre, je rappelle que l’activité de coaching n’est pas réglementée même si des efforts sont faits en ce sens. Si vous lisez un bouquin sur le coaching, vous pouvez légitimement devenir coach professionnel. C’est aussi simple que ça. C’est l’occasion pour moi de rappeler que c’est exactement la même chose pour l’hypnose. En outre, le coaching n’est pas une discipline scientifique. Les arguments scientifiques que pourraient avancer les coachs ne sont donc, jusqu’à preuve du contraire, pas recevables. Son efficacité n’a jamais été évaluée ni quantifiée, quand bien même de nombreux témoignages prétendent le contraire. Tous les récits vantant les succès du coaching sont produits par des personnes qui ont été coachées et qui sont coachs elles-mêmes. Il est donc difficile d’accorder du crédit à des personnes qui sont à la fois juges et parties. Il serait intéressant de recueillir le témoignage de tous les anciens coachés dont beaucoup n’ont vu aucun changement à la suite de leur suivi, de leur stage ou de leur webinaire.
Parfois, un peu de bon sens suffit pour détecter l’arnaque. Si on vous propose un stage d’une semaine pour décupler votre chiffre d’affaires alors oui, vous avez toutes les raisons de penser que c’est du pipeau.
Cependant, revient souvent cette histoire de léger changement pendant l’encadrement en tête à tête. Même si à fortiori ça ne tient pas à long terme, il y a bien quelques clients satisfaits non ?
Vous êtes vous jamais demandé pourquoi un enfant désordonné se mettait à ranger sa chambre quand ses parents lui mettaient un peu de pression ? Pourquoi un·e ado détestant les maths se mettait à avoir la moyenne parce qu’on lui donnait des cours particuliers ? Pourquoi, se promener avec un·e ami·e, pouvait nous regonfler le moral ? Ou enfin, combien une relation amoureuse pouvait nous redonner un sentiment de confiance ?
Tous ces exemples ne relèvent pas d’une quelconque science, pas plus que de concepts hyper sophistiqués. Ce sont tout simplement des archétypes (rien à voir avoir avec Karl Jung) qui sont le propre des relations humaines. Relations où le rapport à l’autre peut produire du changement et qu’importe le mode opératoire : la pression, l’éducation, l’exemple, le plaisir, l’amour et bien d’autres. Je me souviens d’un long trail en plein hiver. Nous avions déjà parcouru une quarantaine de kilomètres et je n’avais plus de forces. Il gelait et ma seule motivation était d’arrêter la course pour m’allonger au milieu de nulle part. Ce qui n’arriva pas fort heureusement. Parce que mon coéquipier m’a parlé jusqu’à ce que nous franchissions la ligne d’arrivée. Ce fut certes une forme de coaching sportif, mais l’hypnose conversationnelle de mon ami aura produit ses effets. Les exemples d’accompagnements réussis ne manquent pas en dehors du coaching. Vous en avez certainement déjà fait l’expérience.
Les techniques utilisées en coaching ne sont pas formalisées et peuvent provenir d’univers complètement différents. Disons succinctement que de nombreux coachs vont utiliser un peu d’hypnose conversationnelle, de PNL, un brin de psychologie, de verbalisation (en d’autres termes, cette bonne vieille parole qui soulage), d’EFT (Emotional Freedom Technique, pratique sans fondement scientifique), de massages (avec les risques d’abus que l’on connaît), de méditation pleine conscience, de pensée positive, lois de l’attraction, chamanisme, lithothérapie… La liste n’est évidemment pas exhaustive, mais on y décèle un gros recyclage de la pensée New Age avec son lot de biais comme l’appel à la nature, l’appel à l’exotisme (la médecine chinoise), l’usage de concept qui n’ont rien à voir (vous reprendrez bien encore un peu de physique quantique), une dose sagesse ancienne… Les accords Toltèques sont certes intéressants sur le papier, mais je ne vois pas en quoi ils vous permettraient de gagner 10 000 euros en 15 jours. Enfin, notez que le terme holistique devrait vous mettre la puce à l’oreille. L’approche holistique, très appréciée par les milieux sectaires, ne veut pas dire grand-chose, sauf à épater la galerie.
Je reviens sur l’hypnose, car c’est un point qu’il me faut développer. Étant hypnothérapeute, je ne peux que constater ses effets sur certains de mes patients. Je précise certains, car il serait malhonnête d’occulter les échecs. Oui, ils existent ! En premier lieu, pour ce qui concerne les effets antalgiques et analgésiques de l’hypnose, ils ont été validés par une étude de l’INSERM. Quant aux effets psychothérapeutiques, ils sont observables, mais plus difficiles à valider scientifiquement. Quoi qu’il en soit, retenez que l’hypnose ne peut pas transformer radicalement les gens en en faisant des battants. Elle permet tout au plus de corriger certains comportements et situations de blocage, ce qui est déjà pas mal. Notez que ces blocages et comportements peuvent par ailleurs se corriger assez naturellement sans que vous n’ayez besoin de passer par l’hypnose.
Pour ce qui est de la PNL (Programmation Neuro Linguistique), tout hypnothérapeute ou coach sérieux ne devrait plus l’utiliser. Conceptualisée dans les années 70 aux USA, elle a réussi à se glisser dans le champ de la cybernétique (école de Palo Alto) aux côtés de pratiques sérieuses comme les thérapies systémiques et familiales. Dans les années 2000, les stages de PNL ont eu un franc succès, notamment dans les entreprises. Tout le monde se formait à la PNL même si au final, personne n’arrivait pas à la comprendre. Aujourd’hui, la PNL fait encore des émules et de trop nombreux hypnothérapeutes l’utilisent toujours.
Reste enfin les livres et manuels de développement personnel qui occupent une place non négligeable dans les librairies. La plupart du temps, ils peuvent donner quelques clés au lecteur qui pourra y puiser des concepts qui l’aideront dans sa vie professionnelle ou privée. Néanmoins, je me suis toujours demandé pourquoi toute cette littérature envahissait les librairies alors que parallèlement, les gens se plaignent de ne plus arriver à donner du sens à leur existence. Est-ce un réel apport, ou bien une opération purement marketing ?
Conclusion
Après avoir succinctement survolé le coaching et le développement personnel. Je devrais être en mesure de me poser les bonnes questions sur l’efficacité de cette pratique. Mais la réponse n’est pas simple. Car l’accompagnement n’est jamais sans effet et il y a sans aucun doute des clients qui sont satisfaits de la prestation. Sans oublier que de nombreux coachs sont bienveillants et beaucoup souhaitent voir la profession se réglementer – tout comme la profession d’hypnothérapeute. Pour autant, il suffit de consulter les nombreux sites de coaching pour faire le constat qu’il y a encore beaucoup de travail pour assainir la profession. C’est ce flou qui a motivé le titre de cet article, car indéniablement, le coaching peut donner lieu à des actes malveillants et sectaires. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour sur le site de la MIVILUDES (Mission Inter-Ministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires). Gardons à l’esprit que les personnes coachées peuvent parfois se trouver dans des états de fragilité psychologique, ce qui les rend vulnérables aux procédés manipulatoires. Le nier serait une erreur. Cela explique en partie pourquoi certaines victimes peuvent dépenser des fortunes en stages de perfectionnement. Dans un article paru sur le site de France-Culture en 2018, on peut lire que des personnes sont capables de dépenser jusqu’à 20 000 euros pour des stages approfondis. Jean-François Amadieu, sociologue spécialiste des relations au travail, auteur de DRH : le livre noir (Seuil), évoque des « tas d’organismes qui vendent des formations à l’ésotérisme, à des techniques complètement irrationnelles comme la numérologie ou l’astrologie… ». J’ajoute que depuis la généralisation du CPF, toutes sortes d’organismes sont à l’affût de cette manne financière qui peut facilement gonfler leur chiffre d’affaires.
Si vous avez un peu de temps, je vous invite à écouter l’excellent podcast produit par Elizabeth Feytit dans son émission Méta de Choc : Coaching, l’eldorado de la manipulation mentale.
Cette émission de trois heures est scindée en trois épisodes. Vous y entendrez le témoignage édifiant de Rémi Rivas, consultant en design, marketing et innovation. Rémi décortique et raconte son périple aux État-Unis pour assister à un séminaire de coaching de quatre jours. La star de ce séminaire est un coach bien connu dont Rémi n’a pas voulu révéler le nom. Vu la fortune et la renommée du bonhomme, on peut supposer qu’il peut s’offrir des bataillons d’avocats teigneux. Cependant, si vous tapez coaching sur Netflix, vous serez sur la bonne piste. Rémi assiste donc à ce séminaire pendant lequel, au prétexte de se faire instruire sur les meilleures astuces pour réussir dans la vie dont la PNL, on lui lave le cerveau avec des techniques qui feraient pâlir de jalousie le régime nord-coréen : journées longues et éreintantes, musique et bruits constants, repas rendus difficiles pendant le temps des conférences, scénographie spectaculaire… Quatre jours où Rémi raconte qu’il finit par entrer dans un état de confusion totale – de transe hypnotique ? Confusion dont il parviendra momentanément à s’extraire pour réaliser que ce séminaire n’est rien d’autre qu’une énorme opération marketing destinée à vendre toutes sortes de stages et produits étroitement liés à la culture New Age. En d’autres termes, les clients payent très cher pour repartir les bras chargés de produits qu’ils n’avaient pas l’intention d’acheter en arrivant sur place.
En France, de tels gourous commencent à se manifester. L’article de France-Culture parle d’un certain David Laroche pouvant réaliser jusqu’à 400 000 euros de chiffre d’affaires pour un stage de 5 jours. La tendance du coaching n’est donc plus anecdotique et comme je le soulignais un peu plus haut, elle s’est largement invitée dans le monde professionnel. Ce qui n’a rien d’étonnant à une époque où la compétition et le challenge sont devenus un culte dans les entreprises. On comprend pourquoi le coaching n’a pas eu besoin de mettre le pied dans la porte.
Après plus de dix ans d’existence, le site hypnose-normandie commençait à prendre de l’âge. C’est pourquoi – mauvais temps oblige – j’ai profité de ce début août pour changer l’interface afin de vous faciliter la navigation. Vous pourrez y retrouver mes anciens articles rapatriés depuis Blogger, mais aussi toutes les informations nécessaires qui vous permettront de mieux comprendre ce qu’est l’hypnose médicale, ce qu’elle permet et surtout, ce qu’elle ne permet pas. Bonne lecture, et n’hésitez pas à m’envoyer vos commentaire via l’onglet contact. Vous pourrez également poster des commentaires sur les articles. Je me réserve évidemment le droit de supprimer les commentaires haineux et hors sujet. Passez une bonne fin de vacances.
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