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Que vous le vouliez ou non, vous êtes constamment influencés. Par la publicité, les médias, les messages politiques ou simplement votre entourage. Ce constat n’est pas une posture complotiste mais un fait : nous vivons dans un monde où l’influence est omniprésente et elle n’est heureusement pas toujours malveillante. Un professeur utilise par exemple des outils pédagogiques pour influencer ses élèves afin de leur enseigner quelque-chose.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’une thérapie, je vous invite à la plus grande prudence. Un patient est par définition dans une situation de faiblesse et gare à ceux qui tomberaient sous l’emprise d’un thérapeute malintentionné. Et ces thérapeutes existent. J’ai déjà rencontré des patients qui ont payé des fortunes pour soigner l’impossible.
Un exemple de manipulation :
- Thérapeute : votre mal-être s’explique certainement par un traumatisme survenu dans votre enfance !
- Patient : vous êtes certain ? Je ne me souviens pas d’un quelconque traumatisme !
- Thérapeute : c’est normal. La mémoire utilise des mécanismes de refoulement qui occultent les souvenirs traumatisants ! Laissez-moi vous aider à retrouver ces souvenirs !
Il n’est pas question de nier que des évènements graves aient pu se produire pendant notre enfance. Cependant, ce thérapeute à la malhonnêteté d’utiliser une technique que les mentalistes connaissent bien : la statistique. À l’évidence, nous avons tous statistiquement vécu des choses désagréables voire très graves dans notre enfance. Le thérapeute n’étant pas devin, il va offrir au patient l’occasion de mettre enfin des mots sur une souffrance et le manipuler.
Mise en garde importante sur la mémoire :
Des patients me demandent parfois de les mettre sous hypnose pour fouiller leur mémoire et ainsi faire rejaillir des évènements traumatisants qu’ils auraient oubliés. Cette technique s’appelle « régression en âge ». Personnellement, il m’arrive de l’utiliser, mais très rarement. Non pas pour aller fouiller la mémoire, mais pour installer un souvenir agréable d’un évènement ou modifier la perception de cet évènement. C’est en quelque-sorte une forme de manipulation, mais il faut bien prendre le temps d’expliquer au patient le principe des faux souvenirs et décoder l’exercice ensemble en répondant honnêtement à toutes les questions. La demande préalable des patients est toujours légitime. Après-tout, si nous souffrons aujourd’hui, pourquoi n’y aurait-il pas une explication nichée quelque part dans notre mémoire. Mais j’insiste cependant. Car la mémoire est une matière extrêmement complexe et les faux souvenirs peuvent être bénéfiques dans certains cas, mais très désagréables dans d’autres. Cela ne veut pas dire que ces évènements n’ont jamais existé, mais un thérapeute consciencieux ne devrait jamais accepter cette démarche, à moins d’être psychologue ou psychiatre et d’avoir été dûment formé…
Pour plus d’informations sur la mémoire, je vous suggère de vous intéresser aux travaux d’Elizabeth Loftus.
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